Résumé : |
Contrairement à ce qui se passe souvent, cette histoire a commencé par être un film. Au printemps 1997, la Télévision romande me demandait d'écrire le scénario pour un téléfilm qui tournerait autour du problème des biens en déshérence.
Yvan Butler, un des réalisateurs de la maison, avait travaillé avec un de mes collègues, le journaliste Gérald Mury, qui avait fait une recherche et avait constaté bien avant qu'on n'en parle que s'il était beaucoup question des comptes vacants (ou en déshérence) des banques, on ne faisait guère état des biens que les victimes du nazisme naissant avaient déposés dans des fiduciaires, chez des notaires, des avocats après 1933. Dans le cours de son enquête, il avait découvert plusieurs cas, impossibles à étayer légalement après tant d'années, mais dont il restait des traces " officieuses " nombreuses et convaincantes - en plus d'une tradition orale tenace que Mury a rencontrée de façon répétée et dont j'ai pu constater moi-même la persistance lorsque, à mon tour, j'ai fait des recherches pour compléter les siennes.
J'ai synthétisé le compte rendu du travail de Gérald Mury, qui portait sur plusieurs affaires, en un seul cas, basé sur la réalité, mais néanmoins fictif dans le résultat: celui de " Maître Albert Tissot " - un personnage inventé comme tous ceux de cette histoire et derrière lequel il serait vain de chercher à identifier qui que ce soit. Ce qui est vrai, c'est la recherche par leurs héritiers des biens venus se réfugier dans l'îlot de paix qu'apparaissait la Suisse dès après la prise de pouvoir d'Hitler, et la réticence du monde suisse de la banque et des affaires à les lâcher, une fois la tourmente passée.
Les événements politiques suisses et étrangers qui forment l'arrière-fond du récit sont, eux aussi, conformes à la réalité. Sur cette base, j'ai construit une histoire, en y introduisant un personnage que je venais de créer : l'enquêteuse Marie Machiavelli, dont la grande qualité est qu'elle sait juger une situation à la fois en s'impliquant et en gardant une distance ironicocritique. |