Résumé : |
Avec Les peintres en Valais, Christophe Flubacher a défriché un domaine vierge. Cinq ans plus tard, pour Les peintres vaudois, lhistorien de lart a dû se frotter à une abondante littérature, car il existait, dans le canton de Vaud, à peu près autant de revues dart que dartistes et nombre décrivains théorisaient. C.-F. Ramuz condamnait labstraction; dautres dictaient la conduite picturale à tenir face à lennemi, les Suisses allemands, lidéologie prussienne, voire le bolchévisme... Comment les artistes réagissaient-ils à cette tutelle littéraire?
Contrairement aux membres de lécole de Savièse, établis dans la vallée du Rhône, les peintres vaudois essaiment. Ils partent à Paris (Charles Gleyre, Félix Vallotton), ils en reviennent parfois (Auberjonois, Bosshard). Christophe Flubacher les suit dans leurs pérégrinations, décrypte les influences. Il consacre aussi un chapitre aux Exilés de lintérieur, Louis Soutter et Aloïse, artistes bruts irréductibles aux diktats de lesthétique et de lidéologie. Il mesure labîme stylistique séparant anciens et modernes en comparant, par exemple, Le labour dans le Jorat (1916), frise naturaliste dEugène Burnand qui se rattache à la tradition populaire, et Dans la chapelle (1912), une prière peinte par Alice Bailly dans un style évoquant les paysages précubistes de Braque.
Valeurs. Lauteur propose aussi quelques brillantes lectures duvres. Ainsi, Les Romains passant sous le joug (1858), de Charles Gleyre, révèle ses secrets. Ce monument de la peinture académique célèbre des valeurs helvétiques comme la bravoure et lamour de la liberté. Il raille aussi loccupant bernois et dénigre le Second Empire...
Formidablement documenté, splendidement écrit, richement illustré, magnifiquement imprimé, Les peintres vaudois 1850-1950 est, plus quun beau livre, un indispensable ouvrage de référence. |