Résumé : |
La littérature romande existe-t-elle ? A cette question que lon posait encore au siècle passé, Bertil Galland il est de ceux qui prouvent le mouvement en marchant a toujours apporté une réponse pragmatique : pour que la littérature romande existe, il faut dabord léditer. Ses années de jeunesse, riches de rencontres et damitiés formatrices, ont aiguisé son goût de grand lecteur et un flair de chien de chasse. Pas encore trentenaire, il fonde avec Jacques Chessex la revue Ecriture qui accueille les auteurs confirmés et les jeunes pousses de Suisse romande. Prenant la direction des Cahiers de la Renaissance vaudoise, voués jusque là aux essais politiques et historiques, il y publie romanciers et poètes avec pour seul critère la nouveauté et la force des voix qui sexpriment au risque dune rupture violente avec Marcel Regamey lorsquil fait paraître le sulfureux (pour les pudeurs locales) Carabas de Chessex. Plus tard, à sa propre enseigne puis aux Editions 24 heures, il regroupe en un cénacle qui est aussi celui de lamitié quelques-unes des plumes les plus vives du pays. Tout cela sans cesser décrire lui-même sur cette floraison de talents, avec le regard exigeant et complice qui est sa signature immédiatement reconnaissable.
Dans une première partie entièrement inédite, Bertil Galland raconte cette aventure littéraire de près dun demi-siècle. Derrière les péripéties et les rencontres surgissent en filigrane le climat intellectuel et moral dune époque et une réflexion sur le métier déditeur, toujours exercé bénévolement et avec une sainte horreur des barrières idéologiques comme des complications administratives.
Dans la seconde partie, lauteur reprend en les actualisant les portraits des écrivains qui furent les plus proches, portraits parus dans la presse ou dans ses précédents ouvrages. Le lecteur retrouvera, dans des chapitres admirables de sensibilité fraternelle, Chappaz, Chessex, Bouvier, Borgeaud, Pestelli, Mercanton, Debluë, les grandes voix féminines Corinna Bille, Anne-Lise Grobéty, Ella Maillart, Alice Rivaz ou encore les Jurassiens Cuttat, Voisard et Walzer. Il croisera ainsi de hautes figures tutélaires, des caciques et des marginaux, des reclus et des voyageurs au long cours, tous possédés par lobsession de déchiffrer la vie par lécriture. Dans une fécondité de talents et de projets montrant que la géographie spirituelle dun territoire peut dépasser de loin ses limites physiques. |