Résumé : |
Accompagné dune superbe préface de Marc Lambron, ce volume rassemble les deux premiers romans de lauteur : LAmour est un plaisir (1956) et Un amour pour rien (1960), un de ses meilleurs textes autobiographiques, Au revoir et merci, ainsi que sa trilogie inspirée par lhistoire des soeurs Mitford Le Vent du soir, Tous les hommes en sont fous et Le Bonheur à San Miniato , laquelle remporta un immense succès (un million dexemplaires vendus) lors de sa parution dans les années 1980.
Un ensemble très cohérent dans loeuvre du romancier, une sorte de carte du Tendre où lexaltation de lhédonisme et le vertige du temps se conjuguent à la fascination du monde. Les deux premiers récits ont le charme à la fois enivrant et désenchanté des années 1950, dominées par deux monstres sacrés : Françoise Sagan et Roger Nimier. Jean dOrmesson invente sa partition personnelle à ce moment-là, avec ce mélange de lucidité, de légèreté et dallégresse qui fait toute la singularité de son style et de sa vision des hommes.
Ses thèmes de prédilection sont déjà là : la quête éperdue du bonheur et linsatiable besoin dévasion, le culte du soleil, des voitures et des bains de mer. « Je ne faisais rien de ma vie. Je la traînais à travers linutilité, ladmiration, les plaisirs, lamour », confesse lun des héros de Lamour est un plaisir, roman que Marc Lambron résume en ces termes : « Une seule femme pour trois hommes ; cest léquation dun voyage dété ».
Dans Un amour pour rien, le jeune narrateur se partage, à loccasion dun séjour romain, entre deux femmes, illustrant à travers ce dilemme sentimental la célèbre formule proustienne : « Jappelle ici amour une torture réciproque ». Marc Lambron observe que si ce texte a la « résonance du vécu », « lautobiographie possible est comme censurée par les apanages du roman ». Il faut attendre la parution en 1966 de sa première véritable autobiographie, Au revoir et merci, pour découvrir quel auteur se cache sous ses personnages.
À trente-sept ans, Jean dOrmesson y parle très librement de lui-même, de ses origines, de sa famille, de ses goûts, de ses opinions, tout en feignant de prendre congé dune carrière littéraire où il na connu jusque-là que des échecs. On sait la suite
Cest un auteur largement consacré qui se lance, vingt ans plus tard, dans lécriture dune trilogie romanesque, dont Lambron explique ainsi lambition : « Récapituler des fragments de lhistoire du monde à partir des méditations dun esprit qui les rêve.
Les généalogies, les continents, les guerres, les amours, les entrecroisements baroques, les hasards secrets, les filiations inconnues. On sent, ajoute-t-il, que limagination de lauteur, libérée des incertitudes du narcissisme, embrasse avec ivresse lhistoire du monde. » Conchita Romero, Rosita Finkelstein, Nadia Wronski, les soeurs OShaughnessy, alias les soeurs Mitford, sont autant de composantes dune sorte de famille universelle représentative de la tumultueuse et tragique histoire du siècle.
Jean dOrmesson remporte ici avec brio son pari, qui est de « ressusciter, sûrement pour mon plaisir, frappé dun peu de mélancolie, et peut-être pour le vôtre, tout un monde évanoui qui sagite encore en moi ».
|